La toute première description du processus créatif nous a été donnée par Henri Poincaré au tout début du XXème siècle [in Science & méthode, 1908], qui proposait – sous la forme de 5 étapes successives – une description séquentielle de l’invention mathématique ou scientifique. On connaît l’ « Eureka » d’Archimède, la « pomme » d’I. Newton lorsqu’il travaille sur la loi de la gravitation, un peu moins peut-être le « serpent » de Fr. A. Kekule von Stradonitz découvrant la structure du Benzène & des cycles aromatiques, …Depuis lors, des recherches approfondies ont été menées pour une meilleure compréhension de la démarche créative qui bénéficie en parallèle d’une pratique intensive, dans tous les domaines où l’innovation est synonyme d’évolution.
Influencées par des cultures différentes, plusieurs « écoles » de créativité ont ainsi vu le jour et permettent d’aborder la résolution de problèmes de manières différentes, mais complémentaires.
Deux « écoles » nous intéressent particulièrement :
• Tout d’abord, l’école française qui propose – grâce aux Techniques de détour – une approche onirique et sensible, particulièrement puissante lorsqu’il s’agit d’établir une vision commune et partagée. Lors de l’émergence des idées, ces techniques projectives touchent l’imaginaire, le rêve, … et ouvrent ainsi le champ de tous les possibles. Elles nous permettent de redécouvrir avec beaucoup de fraîcheur nos activités « artistiques » enfantines [dessin, découpage & collage d’images, jeux « théâtraux », cadavres exquis, …] qui prennent alors tout leur relief avec notre regard d’adulte. Deux pionniers et fervents « défenseurs » de cette école française, Guy Aznar [qui, dès les années 70, crée Synapse, première société de créativité en France] & René Bernèche [Université de Montréal, Québec] ont su nous inspirer et nous transmettre leur énergie communicative et leur riche expérience !
Difficile de parler de l’école française sans citer l’approche proposée par Hubert Jaoui grâce à sa méthode PAPSA®, qui – par sa structuration en étapes successives – nous rappelle les étapes décrites par Poincaré et crée une passerelle vers l’approche américaine.
• Digne héritière des premiers travaux de Wallas [1926], ceux d’Osborn sur le brainstorming [1938], puis ceux de Gordon, Guilford ou Osborn & Parnes [années 50], la méthode CPS [Creative Problem Solving] évolue régulièrement grâce aux travaux menés par CPSI [Université de Buffalo – NY]. Méthodologie éprouvée donc, riche de plus de 50 ans de recherche universitaire et de pratique intensive dans tous les domaines de l’innovation, elle offre le grand avantage de structurer la phase « amont » de clarification des objectifs avec le porteur du projet avant toute mise en place de séance[s] de créativité collective[s] qui permettent d’élaborer des solutions adaptées au contexte et, en « aval », préparent leur mise en œuvre.
Par son caractère plus systématique, l’école russe [représentée notamment par la méthode Triz qui se base sur l’étude approfondie des brevets] résonne moins dans nos esprits français, mais s’avère particulièrement efficace pour la résolution de problèmes techniques complexes.
Beaucoup plus loin de nous, le Kaisen [école japonaise] propose une démarche participative qui, par la sollicitation de nombreuses propositions individuelles, favorise l’innovation collective. Elle inspire aujourd’hui la mise en place de l’innovation participative [ou des « boites à idées »] dans de nombreuses entreprises.